Par Nathalie

Les personnages centraux de cette histoire
sont Angéline, la matriarche du campement, et Esther, une libraire venant lire des livres aux enfants le mercredi en fin de matinée.
Angéline est bien campée sur ses deux jambes.
Sage (pas toujours) et joyeuse
(pas toujours non plus). Elle sait combien la vie
est précieuse.
« Elle était joyeuse et plus que les autres, comme si,
l’âge gagnant, elle avait fini par comprendre
que la joie se fabrique au-dedans. »
Angéline a aussi des côtés plus sombres.
Au début du roman, l’auteure fait la description d’une séance de lecture particulièrement mouvementée, qui annonce déjà des drames à venir.
Alice Ferney procède par touches, prépare son lecteur à sa façon, tisse son écriture délicatement pour raconter ce que la vie peut avoir de cruel
et de douloureux. Le drame arrive pour un petit garçon du campement : Sandro meurt après avoir été renversé par une voiture dont le chauffeur s’est enfui.
Je trouve ce passage difficile bien capté par la sensibilité d’Alice Ferney, en évitant l’écueil
de la sensiblerie, approchant avec respect les caractères ou les tempéraments
des personnages.
« La colère monta en elle comme un sang neuf. S’ils étaient allés à l’école au lieu de courir dans la rue, cela ne serait pas arrivé. C’était un droit, ils l’auraient. », se révolte Esther.
Ce roman parle aussi de la transmission, de ce qu’une femme qui ne possède
aucun objet de valeur laisse avec ses mots, quand Angéline sait qu’elle va devoir tout rendre bientôt. Et si c’était cette posture-là qui permettait de vraiment « gagner sa vie » ?
Qui peut avoir peur alors de tout perdre en mourant ?
Bon, je n’ai pas envie de tester tout de suite, mais j’en prends note, pour m’alléger un peu quand il n’y aura plus le choix. Je comprends mieux le titre Grâce et dénuement.
Ce roman permet de nombreux moments de réflexion à propos des rôles des femmes
et des hommes, du sens de la vie ou du non-sens, de la place de chacun pour faire société
ou en être exclu, du don et du vol, de la sagesse et de la folie, de la violence et de la douceur, de l’école aussi… Et puis Alice Ferney nous laisse faire notre chemin.
Vous trouverez ce livre dans l’Espace Adulte (Rdc)
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